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L’agence Mobilité Infra Québec, un cadeau pour l’industrie

Jeudi 19 septembre 2024

Jamais deux sans trois. Pour la troisième fois depuis 2007, un projet de loi gouvernemental est déposé pour créer une agence des transports distincte du ministère. La CAQ fait donc renaitre cette idée alors qu’elle la rejetait dans l’opposition. Voilà qui est contradictoire.

Pour se justifier, le gouvernement a mis de l’avant les délais entourant les grands projets de transport collectif. Or le mandat de Mobilité Infra Québec portera plus largement sur des « projets complexes de transport » qui pourraient très bien être des projets routiers et autoroutiers. Aucune priorité claire à l’essor des transports collectifs.

La ministre Guilbeault fait aussi valoir le manque d’expertise gouvernementale en transport collectif et le besoin d’une planification centralisée du transport collectif par l’État québécois. C’est effectivement une lacune et l’une des recommandations de la Commission Charbonneau qui visait justement à renforcer l’expertise interne au ministère des Transports, mais pas dans une agence.

La CAQ modifie aussi les règles en matière d’attribution et de gestion des contrats publics. À peine quelques années après la Commission Charbonneau, on permet au privé de prendre un contrôle supplémentaire sur les opérations de l’État dans un domaine aussi névralgique que celui des infrastructures publiques, avec des risques accrus de collusion ou de favoritisme. C’est pourtant démontré que les projets en partenariat soutenu avec le privé coûtent régulièrement plus chers et sont généralement de qualité moindre.

Ce qui reste peu connu encore aujourd’hui, c’est que cette idée d’agence des transports est un souhait de longue date de l’industrie. C'est l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ), puissant lobby qui représente quelque 2500 entreprises du génie civil et de la voirie, qui avait initié en 2005 une coalition réclamant la création d'une société d'État avec des responsabilités cruciales en transport. Presque 20 ans plus tard, il semble que les constructeurs auront enfin leur agence des transports et pourront diriger le CA.

Au SFPQ, nous croyons qu’il y a une autre source de motivation importante à la création d’une telle agence hors fonction publique : en faire un paravent afin de se déresponsabiliser politiquement. Exactement comme on a vu l’an dernier avec le fiasco informatique SAAQclic. S’il y a des problèmes de délais, de surcoûts ou des controverses avec les projets majeurs de transports, la ministre des Transports pourrait toujours jeter le blâme sur les administrateurs de l’agence.

Sans surprise, le SFPQ n’a pas été convié aux consultations en commission parlementaire qui se sont terminées cette semaine. La ministre préférant écouter le chant des sirènes de la firme Pomerleau et l’ACRGTQ qui ont reçu un accueil tout miel.

Pendant que de la Nouvelle-Zélande à la Suède, en passant par l’Australie ou le Royaume-Uni, les agences de transport sont de véritables nids de scandales, le gouvernement de la CAQ va de l’avant et offre ce cadeau à l’industrie.

 

Christian Daigle

Président général du SFPQ

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